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Le journal FICTIF de Zoé Bergeret

Fin du joli mois de Mai

16 Avril 2012 , Rédigé par Zoé Bergeret Publié dans #Tante Jeanne

Reprenons notre journal de l’année passée. Nous étions en Mai 2011.

 

Lundi 23 Mai 2011

 

J’ai ouvert ce journal le Mercredi 2 Mars 2011 par ces mots :

« Ici débute le Journal de Zoé Bergeret.

 

Je n’ai jamais écrit sur la première page lisse et blanche d’un cahier neuf amoureusement choisi :

« Petit cahier,  c’est à toi qu’aujourd’hui, jour de ma sortie de pension, je décide de confier mes impressions quotidiennes. L’honneur que je te réserve est grand. J’espère que tu l’apprécies. Puisses-tu demeurer toujours le plus discret de mes amis ! »*

 

Eh bien, aujourd’hui, trois mars deux mille onze, âgée de soixante-huit ans, j’écris :

Ici débute le Journal de Zoé Bergeret »

 

Après cela, j’ai écrit tous les jours—enfin, presque  tout les jours—sur tel sujet qui passait :

Quelques confidences sur la vie supposée des Bergeret

L’avancement de mon « Histoire des Bergeret » qui en est toujours au même point.

Quelques remarques sur l’actualité récente

D’autres sur mes dernières lectures

N’oublions pas un projet de roman dont il me surprendrait fort que nous reparlions un jour

Quelques mots de l’inimitable Clopine Trouillefou

Des confidences sur mon activité de bibliothécaire

Le rappel d’un article ignoble lu dans mon enfance dans l’Almanach du Pèlerin

Des considérations sur l’incommunicabilité sur la Toile

 

Et, alors que deux jours plus tôt j’écrivais :

« Journée médiocre, malgré le beau temps.

Lu, dans un recueil récemment acheté, quelques préfaces, déjà lues pour la plupart, de romans du XIXème.

Demain, changement d’heure et pluie annoncée »

le 28 Mars, je recevais La Lettre et j’écrivais :

« Au courrier-- je parle du véritable courrier, celui qu’un véritable « facteur » dépose chaque jour ouvrable dans ma boite aux lettres--,  je trouve aujourd’hui, avec les habituels coupons de réduction—cette fois, j’userai peut-être de celui de la Redoute pour une table basse que j’avais décidé de commander en Avril--, l’objet le plus étonnant, le plus inattendu, le plus incongru, le plus anachronique, une lettre, une véritable lettre, une lettre manuscrite de deux pages pleines, pour tout dire une lettre de ma tante Jeanne dont je n’avais pas entendu parler depuis …. »

 

Et maintenant, quand je n’ai pas sa dernière lettre à déchiffrer, le croiriez-vous, je m’ennuie.

 

Mardi 24 Mai 2011

 

Les menuisiers ont remplacé hier les maçons qui reviendront ensuite pour une deuxième phase.

J’ai abandonné Swann que je connaissais bien pour Saint-Simon que je découvre en lecture lente.

Délire cet après-midi chez Assouline. La fenêtre ENVOYER UN COMMENTAIRE, qui précise pourtant « l’adresse mail ne sera pas publiée », propose par défaut le pseudo et l’adresse du dernier commentateur.

 

 

Je pense que « tante Jeanne » a dû recevoir ma lettre.

 

Attendons et nous verrons.

 

Jeudi 26 Mai 2011

 

Hier, j’ai passé beaucoup trop de temps sur la Rdl(le bug de l’entrée des commentaires, qui dure encore, donnant lieu à des amusements puérils dont j’éprouve un peu de honte)

 

Je regrette un peu ma réponse à « tantine », non que je redoute d’aller la voir et de m’engager dans une relation qui peut devenir pesante, mais parce que je me dis que si nous nous voyons, elle ne m’écrira plus et, peut-être, ses lettres me manqueront.

Je sais. C’est idiot.

 

Je continue avec Saint-Simon qui me donne déjà envie de me procurer les mémoires de La Rochefoucault.

 

Vendredi 27 Mai 2011

 

Si je n’ai encore rien dit de l’Affaire DSK, c’est parce qu’il me parait prématuré d’avoir une opinion. Disons quand même que le système judiciaire américain me semble aberrant, que je ne partage pas la colère « féministe » qui s’est exprimée depuis quelques jours, que je n’ai aucune sympathie politique pour DSK mais que je souhaiterais un peu plus de sérénité.

Le futur accouchement de Mme Sarkozy  dont j’avais dès 2008 prévu la date ave une bonne précision—mais cela nécessitait-il des dons exceptionnels ?—m’amuse beaucoup. J’ai parié avec Lucien que l’événement serait télévisé. Il prétend que c’est inenvisageable. Charlotte ne se prononce pas.

 

J’ai reçu ce matin une nouvelle lettre que j’ai pris le temps de transcrire intégralement :

 

Ma chère Zoé,

Ce 14 Mai, je reprends cette correspondance. Voici  précisément deux semaines que ma précédente lettre t’a été expédiée. Je crois me rappeler m’être embarquée dans d’assez longues et peut-être même confuses digressions pour justifier mes souvenirs parfois discutables ; j’ai dû évoquer quelques exemples de souvenirs construits et probablement aussi d’autosuggestion. Il s’agissait de préciser la « fraternité » de mes deux « amis » et de justifier mon erreur sur l’Ecole Normale. J’ai, depuis le départ de ma lettre, pensé qu’un autre détail a pu te paraitre suspect : l’engagement de ton père dans la Résistance, chose dont tu n’as jamais entendu parler—et pour cause-- et qui effectivement, à la réflexion, parait bizarre.

La fatigue m’avait arrêtée. Aujourd’hui, 19 Mai, je peux reprendre ma rédaction.  J’en étais donc à ce que je t’avais précédemment écrit de notre passé de « résistants ». Là encore, j’ai légèrement modifié la réalité, mais, là encore, il n’entre aucune malice, aucun calcul : la vision que nous pouvions avoir de nos actions dans ces sombres années est, si tu y réfléchis, bien différente de celle que vous pouvez en avoir, des années plus tard, vous qui n’avez pas, ou si peu, connu cette époque ; à l’habituelle cause de la différence de « point de vue » entre générations, le passage du temps, vient s’ajouter le changement radical  que nous connaissions alors, ce recul sans précédent de civilisation, ce retour brutal aux temps barbares ; c’était la fin du monde dans lequel nous avions grandi, c’était le retour de la Loi du plus fort et, dans ce contexte-là, un acte banal de la vie quotidienne des années précédentes, des années dont on ne savait même plus si elles avaient été « normales », devenait indiscipline, devenait acte de résistance.

Encore arrêtée par l’arthrite et aussi par la fatigue due à l’agitation provoquée par le retour des souvenirs, je peux reprendre ce 23 Mai.

Je voulais te parler de ma vie avec Paul et ses enfants et me voilà aux prises avec un passé que je croyais pour toujours disparu, avec un Temps que je ne souhaitais pas vraiment retrouver. Je t’expliquais—et peut-être l’expliquais-je à moi-même-- que notre vision de la réalité étant faussée par ce que nous vivions, il est bien possible que nos souvenirs l’aient été de la même façon.

Oui. Nous vivions dans un monde irréel dont la sortie a été pour la plupart d’entre nous un immense soulagement et de ce monde, de cette vie, nous n’avons après tout gardé que le souvenir que l’on peut conserver d’un cauchemar. Et puis ne négligeons pas non plus l’influence de l’image donnée après coup de l’époque, des décennies de « pieux mensonges » où l’on a voulu occulter ce qui dicta d’évidence notre comportement réel, survivre, ne pas se faire remarquer, rien de bien glorieux sans doute, et, au sortir de tout cela, comment petit à petit ne pas se persuader que nous avions bien été ces héros…..

Oh ! Des héros, il y en a eu. La plupart en sont morts. Mais ton père et nous, ….

Nous avons quand même un peu aidé, un tout petit peu. Je te raconterai cela plus tard. Je dois m’arrêter maintenant.

Mercredi 25 Mai 2011

Le facteur vient de m’apporter ta lettre.

« J’ai beaucoup réfléchi, « tantine », et me suis finalement résolue à venir vous voir. Il m’est impossible de préciser la date, mais ce sera aux alentours du 15 Juin» me dis-tu. C’est donc de vive voix que je te poursuivrai mon récit.

A bientôt, ma petite Zoé.

Tante Jeanne

 

Dimanche 29 Mai 2011

 

Hier

Après une nuit excessivement courte, passée à lire Saint-Simon, j’ai « fainéassé » toute la journée.

 

Aujourd’hui

Vélo

Vérification mensuelle de mon budget

 

Il devient évident que jusqu’à ma visite à « tantine », mi-mai, ce journal sera vide.

Je le reprendrai donc après « La Visite », sauf événement imprévu évidemment.

 

En attendant, je vais tenter de m’intéresser à nouveau à « L’Histoire des blogs des Bergeret ».

 

Notes du 16 Avril 2012 :

Toujours pas acheté La Rochefoucault. À faire.

Mon opinion sur l’utilisation de l’affaire DSK par certaines féministes n’a pas évolué.

J’ai perdu mon pari sur l’accouchement  présidentiel.

Tante Jeanne est morte.

 

 

Note du 01/11/2012

Voilà ce que je cherchais depuis des mois! La date de la mort de Tante Jeanne! 

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